#Konstantinos Eleftheriadis
Explore tagged Tumblr posts
Text
Source: Konstantinos Eleftheriadis photo
ℍ𝐚𝓵l נ𝐀 𝔳คĻǤẸ
4 notes
·
View notes
Photo
Ксанти, Македония и Фракия, Греция
Константинос Элефтериадес | Фотография | Карта
#путешествия#Греция#Ксанти#русский блог#Восточная Македония и Фракия#Македония и Фракия#по-русски#русский тумблер#фото#русский тамблер#Decentralized Administration of Macedonia and Thrace#Xanthi#East Macedonia and Thrace#Konstantinos Eleftheriadis#Константинос Элефтериадес#Greece#Avenue#Roadway#Boulevard#Michelstadt#Sidewalk#Miniature#Road#Country Road#Car#Odori Park
1 note
·
View note
Text
The sole beauty of simplicity by Konstantinos Eleftheriadis
30 notes
·
View notes
Text
Queer, techno: entre subversion et normalisation. Une enquête sociologique à Paris. Partie 2
Revue de littérature
1. De la subculture à la scène
Au début du désir de recherche, il y a Howard Becker(7) et la lecture de son ouvrage classique, Outsiders. Tout commence dans ce récit en 1963, par une étude sur les musiciens de Jazz. Ici, ce n’est pas tant son concept de déviance qui nous intéresse, mais l’étude d’un groupe donné, celui des « musiciens de danse » et surtout sa méthodologie, qui guidera notre enquête. Comme chez Becker, il sera ici principalement question d’observations directes et d’entretiens, dans la lignée de l’École de Chicago et de l’interactionnisme symbolique.
Pour revenir sur le fond, Becker pose les bases permettant de définir la culture comme une réalité propre à un groupe, ce qui nous permet de prolonger la réflexion autour des notions de sous-culture, contre-culture et subculture. Cela nous conduit en 1979, avec l’ouvrage fondateur des cultural studies, Sous-culture, le sens du style de Dick Hebdige(8), à l’intérieur duquel il discute la notion de culture à partir des définitions de Williams, avant de proposer le concept de sous-culture. Williams définit la culture comme « un mode de vie spécifique exprimant une série de valeurs et de significations déterminées non seulement dans le domaine de l’art et de l’éducation, mais dans celui des institutions et des pratiques quotidiennes. Sous cet angle, l’analyse de la culture est la clarification des valeurs et des significations implicites et explicites d’un mode de vie spécifique, d’une culture particulière »( 9) , définition qu’Hebdige définit comme « anthropologique » et qu’il oppose et complète avec celle d’Arnold. Cette dernière « conçoit la culture comme une norme d’excellence esthétique »(10), « le meilleur de ce que l’humanité ait dit et pensé »4 ce qui, d’après Hebdige relève d’un « courant élitiste, conservateur ». Il résume ensuite cette définition en reprenant celle adoptée par Hall, qui serait « une définition entre les deux : la culture comme norme d’excellence et la culture comme l’intégralité d’un mode de vie ». Elle pourrait se résumer de la façon suivante dans une perspective de cultural studies, un « niveau où les groupes sociaux développent des styles de vie différents et donnent une forme expressive à leur expérience sociale et matérielle »(11).
A partir de ces définitions donc, Hebdige élabore la notion de sous-culture qui sera le fil conducteur de ses enquêtes. Dans la perspective Hebdigienne, la sous-culture possède une dimension subversive qui remet en cause des normes données à un instant particulier. Bien que le terme de sous-culture – traduction littérale de subculture – ait été reconnue par les traditions épistémologiques, c’est tout de même d’ici que naissent les controverses scientifiques dans l’utilisation des termes « sous-culture », « contre- culture » et « subculture ». Ainsi, si Bennett souligne que la subculture, « s’est imposée comme cadre conceptuel de référence pour l’examen de pratiques anti-hégémoniques »y compris en langue française, il convient de rappeler, comme le fait Andy Bennett dans son article « Reappraising Counterculture »(12) que « la validité du concept de subculture a pourtant fait l’objet d’un débat théorique permanent, qui s’est focalisé sur sa définition problématique en terme de structures sociales/de classe. » De ce fait, son article propose une requalification du concept de contre-culture qui « fut également érigé en un phénomène socioculturel ayant le potentiel de créer une nouvelle sphère culturelle dépassant la culture parente, et s’en affranchissant idéologiquement »
Ces concepts de subculture et de contre-culture nous servent de point de départ pour l’enquête sur la scène de musique techno et les scènes queer. Cependant, ces définitions ne nous permettent pas complètement (autrement dit ne suffisent pas) pour analyser ce que nous voulons étudier. D’une part car ces définitions, propres aux cultural studiesdans un premier temps, semblent se concentrer sur une culture juvénile, sur l’étude d’un « mode de vie » propre (bien que le concept de mode de vie puisse également être remis en cause et questionné par exemple par McGuigan cité dans l’article d’Andy Bennett, « car il renvoyait à une posture prétendument laudative vis-à-vis de la consommation culturelle et de la création d’identités sociales »(13 ). D’autre part, ces concepts semblent « réduire » notre champ d’analyse aux seuls aspects de la scène techno et de la scène queer qui auraient, à un moment donné, pu fonder une contre ou une sous-culture, ce qui (intuitivement) semble possible seulement à certains moments : lors des raves parties des années 90 ou lors de l’époque du Pulp, ce qui réduit donc considérablement le champ d’analyse des clubs d’aujourd’hui. Néanmoins, la notion de sous-culture – voire celle de contre-culture – pose des bases théoriques indispensables à notre enquête, dans le sens où cette dernière « regroupe » un style de musique et des normes qui en découlent, ce qui permet d’interroger à la fois les normes qui s’y construisent et les transgressions qui s’y produisent.
Cependant, le concept de sous-culture « pure » semble se trouver uniquement avec la pratique des raves, des free-party comme nous venons de l’énoncer. En effet, il existe des écrits sur une sous-culture techno, comme Techno : une subculture en marge(14) de Lionel Porteau, dans lequel il étudie la Free party, les teuffeurs et leurs interactions d’un point de vue subculturel. Nous pouvons pourtant pointer une difficulté concernant notre sujet sur la musique techno : cette dernière a été le plus souvent étudiée par ses pratiques notamment la Free party car justement, cette dernière semble pouvoir se retrouver dans le concept de sous-culture, voire de contre-culture. Mais finalement elle a peu été étudiée par ses interactions en dehors du champ des Free/rave.
En tout cas, si ces concepts de sous-culture, subculture ou contre-culture posent une base théorique, leur héritage, la notion de scène la complète parfaitement. Ainsi, Gérôme Guilbert et Fabien Hein (« Les scènes métales », Volume !, 2006)15 considèrent que « la notion de scène permet de souligner un continuum comprenant des acteurs plus ou moins impliqués physiquement ou culturellement, qu’ils soient musiciens ou non [...] elle permet également de poser la question de la localisation, de l’interaction entre les acteurs, de la circulation des codes liés à un style de manière territorialisée ». Ainsi, la construction historique de la notion de scène décrite par Guilbert et Hein semble se situer dans la continuité de la notion de subculture des cultural studies. Autrement dit, l’analyse de l’émergence de la « scène » techno se nourrit également de ce que l’on sait de l’émergence d’autres subcultures musicales (Becker, Hebdige, Hein...), et cela nous a aidé à spécifier la scène à laquelle nous nous intéressons.
2. L’étude du queer et de la techno, deux champs de connaissance distincts
La difficulté du sujet réside dans le fait qu’il n’existe de toute évidence pas d’écrits universitaires liant clairement la scène queer et la scène de musique techno, et très peu de publications sur le sujet. Ainsi, le seul article disponible dans une revue spécialisée est l’article « Techno : le rôle des communautés gays » (16) , publié dans la revueMouvements en 2005, dans lequel le journaliste et fondateur de l’association Act-up, Didier Lestrade, s’entretient avec Patricia Osganian et Renaud Epstein.
Pour Lestrade, dans les années 70, les gays étaient «dans une situation de marginalisation, d’oppression culturelle comparable à celle des Noirs», ce qui expliquerait, par un héritage historique, le lien entre scène gay et scène musicale. Il explique ainsi que la house est arrivée en France en même temps que le sida, et que cela aurait été en quelque sorte un élément fondateur de cette nouvelle scène. De ce fait, le clubbing mais également les drogues seraient « finalement structurants, au-delà même du temps de la fête. Au point de devenir un élément constitutif de la communauté gay ? »
Notre travail se divisera donc ici sur un travail de fondation de la revue de littérature entre un questionnement sur la fête et le militantisme LGBT+, sur l’étude de la scène techno, puis, pour finir le rapport aux queers et ce que nous pouvons lier entre ces différentes catégories.
A. « Les réjouissances révolutionnaires » (17) : la fête et le militantisme LGBTQI+
Si Lestrade indique un clubbing structurant de la communauté gay, la fête, et particulièrement la fête techno, semble effectivement être un élément structurant de la communauté LGBTQI+, et c’est dans ce sens qu’a eu lieu la journée d’étude « Les réjouissances révolutionnaires », le 1er mars 2019 au Havre. Cette journée d’étude a confirmé que la fête était un élément clé du militantisme LGBTQI+, mais également de la vie LGBTQ+. Cette liaison était évoquée d’un point de vue historique, avec par exemple l’intervention de Mathias Quéré, « Paillettes et poppers : Lorsque le grand soir s’achève au petit matin »(18) qui soulignait la place centrale jouée par la lutte contre le sida et son lien avec la fête. Il indiquait ainsi : « Si demain n’a pas lieu, alors autant aller danser ce soir » en faisant référence aux soirées d’Act Up qui permettaient de recueillir des fonds. En 2018, Konstantinos Eleftheriadis évoquait à propos des festivals queer des espaces qui « invitent à (re) penser le queer comme un mode d’organisation militante autonome, inscrit dans des espaces précis où différents acteurs/actrices aux trajectoires et positions sociales diverses mettent en place des pratiques militantes obéissant à des logiques d’action collective propres. »(19)
B. L’étude du queer
Depuis Paul B. Preciado et son article « Multitudes queer : notes pour une politique des anormaux »(20), nous connaissons l’héritage wittigien, foucaldien, deleuzien, guattarien sur l’avènement de ce que nous pouvons appeler une « théorie queer » et donc sur la pensée de Preciado, théoricien clef du paysage universitaire queer français. En effet, en reprenant l’idée de Wittig qui pense l’hétérosexualité non pas comme une pratique sexuelle mais plutôt comme un régime politique(21) (pensée élaborée, comme le rappelle Preciado, grâce aux écrits d’Audre Lorde(22), TiGrace Atkinson(23), le manifeste « The- Woman-Identified-Woman »(24 )des « Radicalelesbians ») et donc « comme faisant partie de l’administration des corps et de la gestion calculée de la vie et relevant de la “biopolitique” (25), l’hétérosexualité pourrait se définir, en reprenant Foucault et Wittig, comme « technologie bio-politique destinée à produire des corps straights ». Selon Preciado, la théorie queer se serait construite tout d’abord grâce à « un travail de “déterritorialisation” de l’hétérosexualité » et donc du corps, opéré par Wittig et la « french théorie » (en reprenant cette expression américaine). Ainsi, « ce processus de déterritorialisation du corps oblige à résister aux processus du devenir “normal” » et donc «la multitude queer porte en elle, comme échec ou résidu, l’histoire des technologies de normalisation du corps (...) il est aussi la possibilité d’intervenir dans les dispositifs biotechnologiques de production de subjectivité sexuelle”
Un autre usage du terme queer en tant que théorie renvoie au processus de « désidentification » formulé par De Lauretis dans son ouvrage Théorie queer et cultures populaires de Foucault à Cronenberg(27). Pour elle, la théorie queer est issue d’une journée de colloque intitulée « théorisation des sexualités lesbiennes et gaies » à Santa Cruz en février 1990 et de l’article qui s’en est suivi dans la revue differences« Queer theory »(28). Pour De Lauretis, le terme queer permet tout d’abord de questionner les termes « gay » et « lesbienne », en les prenant dans une perspective où ces derniers permettaient d’« articuler les termes dans lesquels les sexualités gaies et lesbiennes peuvent être comprises et imagées comme des formes de résistance à l’homogénéisation culturelle, contrant les discours dominants à l’aide d’autres constructions du sujet dans la culture. » Ainsi, dans le numéro de differences qu’elle coordonne sous le titre « Queer theory » De Lauretis attire l’attention sur deux aspects : « Le travail conceptuel et spéculatif qu’implique la production du discours et la nécessité d’un travail critique qui consiste à déconstruire nos propres discours et nos silences construits ».Il est à noter, comme elle le rappelle par ailleurs dans son ouvrage que sa théorie queer est à distinguer du début d’un queer militant, qui va naître également durant le même mois de février 1990 à New-York, autour du groupe Queer Nation.
Des auteurs tels que Haraway(29), Butler(30), Segdwisk(31), ou encore Bourcier(32) vont dans un deuxième temps « s’attaquer à la naturalisation de la notion de féminité qui avait initialement été la source de cohésion du sujet du féminisme ». Pour ce faire, Butler inaugure en 1990 dans son ouvrage phare Trouble dans le genre une réflexion sur la possibilité d’agir sur les déterminismes genrés par une action performative. La même année, dans Epistémologie du placard, Segdwick va déconstruire non pas le genre comme Butler, mais la sexualité. Elle énonce alors que l’opposition homosexuel/hétérosexuel «affecte les binarismes qui structurent l’épistémologie contemporaine, de savoir/ignorance à privé/public en passant par santé/maladie ». Il est à noter que ces écrits pionniers de la « théorie queer » ont mis beaucoup de temps à être publiés en langue française – généralement à partir du début des années 2000 – et que Sam Bourcier a joué un grand rôle dans leur diffusion, car il est à l’origine de nombreuses traductions, préfaces, articles mettant en avant ces écrits fondateurs non- francophones. Pour résumer cette deuxième étape de fondation de la théorie queer, nous pouvons faire appel à ce passage de Preciado qui dit que « les multitudes queer (...) se font dans l’appropriation des disciplines de savoirs/pouvoir sur les sexes, dans la réappropriation et le détournement des technologies sexopolitiques précises de productions des corps “normaux” et “déviants”. Par opposition aux politiques “féministes” ou “homosexuelles”, la politique de la multitude queer ne repose pas sur une identité naturelle (homme/femme), ni sur une définition par les pratiques (hétérosexuelles/homosexuelles) mais sur une multiplicité des corps qui s’élèvent contre les régimes qui le construisent comme “normaux” ou “anormaux” (...) Ce qui est en jeu, c’est comment résister ou comment détourner des formes de subjectivation sexopolitiques. Cette réappropriation des discours de production de pouvoir/savoir sur le sexe est un bouleversement épistémologique. »
Puisque la théorie queer est désormais enracinée épistémologiquement, nous pouvons désormais nous attaquer à l’analyse de ces pratiques, et principalement celles des pratiques artistiques, qui nous intéressent tout particulièrement : cela sera fait tout au long de notre développement.
C. Etudier la techno
Comme énoncé précédemment, la musique techno est une musique qui a été étudiée universitairement mais principalement à une certaine échelle (la Free party/rave) et par le biais de certaines pratiques (principalement la danse, les drogues et l’état de transe). Il convient tout de même d’énoncer les principaux écrits, car le clubbing d’aujourd’hui semble tenir son héritage des premières free des années 90. Ainsi, en 2003, Jean- Christophe Sévin, dans « Hétérotopie techno »(33) dresse un état de la littérature sur l’étude de la musique techno, qui va de la construction des premiers soundsystems aux premières raves, qu’il décrit comme une hétérotopie, reprenant le terme de Michel Foucault, à partir des « bulles fictives » décrites par Bombereau en 1999(34). Il observe ainsi des « lieux réels et effectifs, qui sont “des sortes de contre-emplacements réels, sortes d’utopies effectivement réalisées, ( ...) des sortes de lieux qui sont hors de tous les lieux, bien que pourtant ils soient effectivement localisables.” » (Foucault, 1984 )(35)En reprenant cette définition, il applique les six caractéristiques des hétérotopies décrites par Foucault aux écrits sur la rave, et commence par y décrire non un espace de déviance, mais au contraire, en reprenant les écrits de Racine, des espaces où « s’opère plus une socialisation qu’une rupture vis-à-vis de la société. »(36) Ce qui peut nous intéresser également pour notre travail sur les clubs. De plus, l’analyse faite par Racine sur l’accès aux raves pourrait également s’appliquer aux soirées que nous étudierons plus tard : « le principe d’ouverture et de libre accès aux événements avec la sélection implicite entraînée par la nécessité de connaître des réseaux d’informations spécifiques »28 (Racine, 2002).
La techno semble donc être un domaine d’étude qui s’est cantonné à l’étude des free party, ce qui explique aussi l’ancienneté de la plupart des études (datant du début des années 2000) suite au ralentissement du facteur exponentiel du développement des free party, occasionné par les lois limitant voire interdisant leurs pratiques. Dans ce sens, Laurent Tessier indique dans « Musiques et fêtes techno : l’exception franco- britanniques des free parties »37 que dans les années 90, des écrits universitaires portant sur la musique techno ont commencé à exister, et que « dans le domaine de la sociologie, un discours apparaît sous l’impulsion de Michel Maffesoli. A travers la revue Cultures en mouvement, mais aussi par la création d’un sous-laboratoire (...) qui lui ont permis de s’imposer dans la presse comme le sociologue “spécialiste” de la techno »29. C’est ainsi que nous nous sommes aperçue, comme Laurent Teissier dans cette citation, de la prédominance des écrits de Maffesoli dans l’étude de la techno, qui s’est donc élaborée principalement à partir de l’étude des free et des raves.
Cela a eu pour conséquences une série de concepts plus ou moins directement associés aux théories de Maffesoli, et plus généralement aux théories postmodernes. Ces concepts ont été associés dans le sens commun aux free partie : « la transe », « l’hédonisme festif », « l’orgie », » la tribu », « le retour au communautarisme » ou encore « l’annihilation de l’individu » Ces notions semblent posséder une sorte d’hégémonie épistémologique dans l’étude de la Free party (et donc de l’étude de la musique techno) qui peut poser probl��me dans notre étude, car elles ne sont pas forcément transposables à l’étude du clubbing de musique techno. Autrement dit, cette hégémonie épistémologique que semble détenir Maffesoli à partir de ces concepts a pour conséquence une sphère d’étude qui apparaît « limitée » par ces derniers : il ainsi difficile de trouver des écrits sociologiques sur la musique qui se détachent de concepts qui, d’une part, sont difficile à utiliser dans le terrain du « clubbing » ( de l’écoute de la musique techno en club), qui d’autre part qui concerne un moment donné d’une certaine pratique (la free party des années 1990) et qui, enfin, semble donner une lecture définitive des phénomènes.
Cependant, la musique techno (et sa corrélation avec la scène LGBT+/ queer) semble souvent avoir été étudiée d’un point de vue historique, surtout en musicologie. C’est pourquoi nous pouvons terminer cette revue de littérature par un encadré sur les travaux historiques de construction des scènes techno.
brève histoire d’une musique techno
Pour Laurent de Wilde ( « Les fous du son », 2016)(38) tout commence progressivement avec des personnes telles que Edison, Cahill, Theremin, Martenot, Hammond, Scott, Rhodes, Moog qui vont, d’inventions en inventions permettre la première expérience musicale grâce à de l’électricité jusqu’à la création des premiers synthétiseurs. Dans les années 60, l’industrialisation à grande échelle de synthétiseurs Moog permet un développement des productions musicales électroniques. Comme le rappel Guillaume Kosmicki ( « Musiques électroniques » 39 2009) , les musiques électroniques ont deux aspects fondamentaux : la technologie d’une part et le travail sur matière sonore d’autre part. L’essor de la musique électroacoustique puis sa popularisation progressive va permettre l’expérimentation de la dance music à partir des années 80. Ainsi, « Deux tendances sont à distinguer dans les années soixante-dix, tout autant essentielles l’une que l’autre à l’avènement des musiques électroniques ultérieures : la voie expérimentale, suite logique de l’acid rock, et la danse music qui se développe sur les bases du rhythm’n’blues, de la soul et du funk des années soixante. » L’avènement de la musique électronique dans les années 80 peut s’expliquer d’une part par la baisse conséquente des prix des instruments, qui provoque une diffusion de ces derniers, et d’autre part grâce à l’influence de du disco.
Justement, comme le rappel Guillaume Kosmicki, le milieu des années 80 « correspond à l’apparition du garage à New-York, de la house à Chicago et de la techno Detroit dans la ville du même nom ». Cela correspond à une évolution logique technologique et musicale, car l’avènement du home studio et le MIDI en 83 permettent la création de nouveaux moyens de composer de la musique. Sociologiquement, la house et la techno se développent dans des endroits ayant des caractéristiques particulières : » La house et la techno apparaissent au cœur des villes industrielles (New- York, Chicago) ou post-industrielles (Détroit) et se développent par la suite dans des villes similaires ( Londres, Berlin, Manchester, Bruxelles etc) . Elles sont pour la plupart profondément touchées par la misère sociale renforcée par la forte vague de libéralisme qui anime les années 80. (...) C’est une constante : les musiques électroniques naissent dans les villes industrialisées de l’hémisphère nord depuis les années 50. Elles semblent orienter les choix technologiques des créateurs et influencer leur esthétique.
L’auteur y rappel également l’atmosphère particulier des clubs des années 70, lieu de socialisation de « certaines populations homosexuelles américaines », qui ne tardent pas à être touché dans le sida.
D’après l’auteur, c’est donc dans cette sombre période des clubs que naissent les prémices de la house et de la techno. Ainsi, le garage, club à New-York semble être le premier lieu de manifestation de la house : « Au moment où la house se conçoit, elle est en contact direct avec un ensemble de styles issus de la déchéance du disco et consacrant une plus grande dureté dans la sonorité et surtout l’intégration généralisée des sons synthétiques. Les lignes mélodiques sont abandonnées au profit de rythmiques mécaniques la plupart du temps électroniques ». Ouvert de 77 à 87, le club accueil un public plutôt underground, « principalement gay » . La même année, en 77, Frankie Knuckles quitte New-York pour Chicago pour devenir le DJ résidant du Warehouse, club qui donnera son nom à la house, fréquenté par les milieux noirs et gays de Chicago. D’après Kosmicki toujours, « comme le disco précédemment, (...) la house s’inscrit dans les marges de la société ». Si les morceaux house se font reconnaître en Europe, la musique house (et ces principaux auteurs) restent très peu-voire inconnus- du grand public.
A 300 km de là, à Detroit, la techno va naître pratiquement en même temps. Si l’influence « queer » de la musique house n’est plus à démontrer, la techno de Detroit semble s’insérer dans le même héritage, Detroit et Chicago semblant alors bien communiquer, si bien qu’un des pionniers de Detroit, Jeff Mills, n’hésitait pas au début à parler de techno comme sous-style de la house. Ainsi, « L’esthétique de la techno Detroit n’est pas étrangère à celle de la house. Les influences en sont d’ailleurs sensiblement les mêmes ». Comme la House de Chicago, la house de Detroit semble s’inscrire dans le paysage urbain particulier de la ville. Ainsi, Kosmicki affirme : « Derrick May, un des acteurs principaux de l’avènement de la techno Detroit, pense qu’il a, avec ses acolytes, réanimé inconsciemment le souvenir d’un âge d’or où ses parents avaient du travail au sein des usines par l’utilisation des machines et des rythmiques mécaniques qui caractérisent leur musique. Il va plus loin en disant qu’ils ont su donner un sens optimiste à l’utilisation de la machine, en comparaison des ouvriers qui se rendent à l’usine sans espoir et sans but pour s’y soumettre. » C’est un ami de Derrick May, Juan Atkins( avec lequel il créer les émissions « Mojo ») qui lance le premier label de techno, Metroplex. Cinq ans plus tard, le label underground résistance « s’oriente vers le militantisme politique en faveur des populations pauvres afro- américaines de la ville(...) Le dessin est d’unir les races et de briser les barrières sociales »
La House, la techno et l’Europe ( Paris) Toujours en se servant de l’ouvrage de Guillaume Kosmicki comme référence, nous pouvons maintenant évoquer la diffusion de la techno à plus large échelle, l’Europe, et celle qui nous intéresse tout particulièrement : la ville de Paris. Pour l’auteur cet engouement massif peut s’expliquer par deux « révolutions » : d’une part, de la naissance des raves, de l’autre par des « développements esthétiques multiples qui consacrent l’avènement du tout électronique au travers de nombreux styles ». En 1988, l’obligation pour les clubs de fermer à 2h du matin en Angleterre a pour conséquence l’organisation des premières free, qui se propageront très vite en France. Comme le conclue Kosmicki, « Avec les années, les utopies du départ s’estompent ou au contraire se radicalisent » : avec les interdictions de ces dernières à partir des années 2000, une partie des teufeurs, rentrent dans les clubs tandis que l’autre, à l’instar des spiral tribe, y fondent un nouveau mode de vie.
Notes:
- Becker, Howard S. Outsiders. Etudes de sociologie de la déviance. Editions Métailié, 19858 Hebdig,Dick. Sous-Culture. Le sens du style. Zones, Éditions La Découverte, Paris, 2008
-Arnold, Matthew. Culture and Anarchy, Londres, 1966
- Williams, Raymond. Culture et matérialisme. Trad. De l’anglais par Nicolas Calvé et Etienne Dobenesque, Paris, Ed. Les prairies ordinaire, 2009.
-hall Stuart. Subculture,culture and class .S.Hall. et al. (dir), Resistance Through Rituals, Hutchinson,1976 -Bennett Andy. « Reappraising Counterculture. » Popular Music and Countercultures. Editions Sheila Whiteley and Jedediah Sklower, 2013
- McGuigan Jim. Cultural Populism, Routledge,, 1992 -Pourtau, Lionel. Techno : une subculture en marge, Paris, CNRS Éditions, 2012 -Gérôme Guibert et Hein Fabien » Les Scènes métal ». Volume !, 5 : 2 | 2006, 5-18.
-Osganian, Patricia et Renaud Epstein. « Techno : le rôle des communautés gays. Un entretien avec Didier Lestrade », Mouvements, vol. no 42, no. 5, 2005, pp. 22-31. -Journée d’étude » réjouissances révolutionnaires. Fête et militantisme LGBTQ+ dans le monde. XXe-XXIe » Le Havre, 01 mars 2019, organisée par Agathe Bernier- Monod
- Quéré Mathias « Paillettes et poppers : lorsque le grand soir s’achève au petit matin », intervention présentée lors de la journée d’étude « réjouissances révolutionnaires. Fête et militantisme LGBTQ+ dans le monde. XXe-XXIe » organisée par Agathe Bernier- Monod le 01 mars 2019 au Havre. - Eleftheriadis, Konstantinos. « Les festivals queer, lieux de formation de contre-publics transnationaux », Questions de communication, vol. 33, no. 1, 2018, pp. 135-152.
-Preciado, Paul B. « Multitudes queer. Notes pour une politiques des "anormaux" », Multitudes, vol. no 12, no. 2, 2003, pp. 17-25.
-Wittig Monique, La pensée straight. Traduction de Sam Bourcier, 2003, Paris, Balland, 2003 -Lorde Audre, Sister Outsider, California, Crossing Press, 1984.
-Atkinson Ti-Grace, « Radical Feminism », in Notes from the Second Year, New- York, Radical Feminism, 1970. - Radicalesbians. The Woman-Identified Woman, in Anne Koedt dir. Notes from the Third Year, New-York, 1971
-Foucault Michel. Histoire de la sexualité . Tome I, Paris, Gallimard, 1976.
- La French theory est un corpus de théories apparu dans les universités américaines à partir des années 70, élaboré à partir des idées d’auteurs français entre 1960 et 1980. Si plusieurs idées divergent, beaucoup convergent autour de la notion de «déconstruction» . Les principaux représentants sont Althusser, Baudrillard, Deleuze, Dérrida, Foucault, Guattari, Lacan, Lyotard, Rancière ou Wittig
- De Lauretis Teresa, Théorie queer et cultures populaires. De Foucault à Cronenberg. La Dispute, 2007. 28 De Lauretis Teresa, « art queer theory » Différences, 2002
-Haraway Donna, the reinvention of Nature. New-York, Routledge, 1991 -Butler Judith, gender trouble. New-York, Routledge, 1991 - Segdwick E.K, epistemology of the Closet . University of California press, Berkeley, 1990 -Bourcier Sam, Queer Zones, politiques des identités sexuelles, des présentations et des savoirs, Paris, Balland, 2001
- Sevin Jean-Cristophe . « Hétérotopie techno » ethnographiques.org, Numéro 3 - avril 2003 [en ligne]. http://www.ethnographiques.org/2003/Sevin.html (consulté le 30/06/19). -Bombereau Gaelle. » Traverser le miroir pour composer la vie » Société. Effervescence techno, numéro 65 25-31
-Foucault Michel. » Des espaces autres » Dits et écrits volume 4 : 1980-1988, Paris, Gallimard : 752- 762 -Racine Etienne. Le phénomène techno. Clubs, raves, free-parties. Imago, Paris, 2002
- Tessier, Laurent. « Musiques et fêtes techno : l'exception franco-britannique des free parties », Revue française de sociologie, vol. vol. 44, no. 1, 2003, pp. 63-91.
- De Wilde, Laurent. Les fous du son, d’Edison à nos jours, grasset, 2016 39 Kosmicki Guillaume. Musiques électroniques, des avant-gardes aux dance-floors, le mot et les restes, 2016
2 notes
·
View notes
Photo
Konstantinos Eleftheriadis: Photographer
2 notes
·
View notes